PROGRAMME 2023
HOMMAGE À JO SCHLESSER
Jean-Louis Schlesser invité d’honneur des Classic Days 2023, nous nous devions de mettre aussi en lumière son oncle Jo !
Pilote éclectique des années 50 et 60, il a couru parmi les plus grands de l’époque, et faisait l’unanimité auprès du public.
Graham Hill a dit à propos de Jo Schlesser : « C’était un homme plein d’humeur et de vitalité, et j’ai passé en sa compagnie de magnifiques soirées. Je comparais volontiers sa moustache à la mienne : il était exactement, comme, en Angleterre, nous nous imaginons les Gaulois ».
Jo Schlesser est né en 1928 dans la région de Nancy dans une famille modeste de 3 enfants. Ami d’enfance du pilote Henri Greder, et de son frère Jacques, il est entouré très tôt d’une bande de copains passionnés qui l’accompagneront tout au long de sa carrière. Au propre comme au figuré d’ailleurs, puisqu’il est le premier à acheter une voiture, et à passer son permis le jour de ses 18 ans. Histoire de ne pas perdre de temps.
Si à 20 ans il veut faire carrière en Formule 1, c’est d’abord vers la moto qu’il se tourne, avec son premier succès lors du rallye ballon de l’AC Lorraine en 1951.
Souriant, amical, toujours de bonne humeur, il aime la fête et la bonne chère, et devient rapidement une tête connue du paysage local. Une soirée avec Jo, c’est une soirée réussie ! Ce statut devient celui de gloire locale lorsqu’en 1952 il remporte la 1ère édition du Grand Prix de Lorraine avec Louis Berthelier, sur Dyna Panhard Cabriolet.
Après cette victoire il s’expatrie pour quelques années à Madagascar, pour le travail. Il revient définitivement en 1957, une Mercedes 300SL dans ses bagages, avec laquelle il termine 2ème du Rallye Liège-Rome-Liège, avec son épouse Annie.
La 300 SL remplacée par une Ferrari 250GT, il enchaîne les victoires de classe incluant les 1000km du Nürburgring avec Lucien Bianchi, le Grand Prix de Rhénanie, le Tour de France Automobile (Tour Auto) et les 1000 km de Paris à Monthléry.
Il commence en parallèle sa carrière en monoplace en Formule 2 avec une Cooper Climax, et se classe 6ème de sa première course, à Syracuse, ce malgré des conditions météo catastrophiques. Cette course lui vaut d’être désormais reconnu par ses pairs, qui saluent son courage et sa fiabilité.
Jo enchaîne les victoires en Formule 2 et Formule junior sur Brabham au début des années 60, et devient l’un des pilotes incontournables de sa génération. Sa saison 1961 tourne court suite à un grave accident aux essais des 24 Heures du Mans. Le Mans, une épreuve qui malheureusement ne le verra jamais briller.
Il est auréolé de son premier titre de Champion de France de Vitesse en 1962, victorieux à la Coupe de l'U.S.A. à Montlhéry, à Rimini, au Grand Prix de Nogaro, et au Prix de Paris à Montlhéry. Il termine
7ème du Grand Prix de Monaco, mais second du Grand Prix de Magny Cours, du Grand Prix des Frontières en Belgique, et du Trophée d'Auvergne à Clermont-Ferrand.
Il est de nouveau couronné en Formule Junior en 1963 sur Brabham BT6 Ford, avec quatre victoires, deux 2nde place et deux 3eme place, dont une au Grand Prix de Monaco. Mention spéciale pour sa victoire au Grand Prix d’Auvergne 1963 sur le circuit de Charade, en battant le record dans le dernier tour, qui gardera toujours une saveur particulière pour lui, et fut l’occasion d’une fête mémorable !
Ses succès le font remarquer par Henri Chemin, directeur des Relations publiques et compétitions de Ford France, qui va lui ouvrir les portes de l’écurie.
Sous le charme de l’AC Cobra depuis qu’il l’a vue au Salon de l’Automobile en 1962, il parvient à décider Caroll Shelby à lui en envoyer une pour le Tour de Corse 1963. Le monstre va réveiller l’île, et remporter par la suite le Critérium des Cévennes.
Les américains vont alors faire venir Jo Schlesser aux Etats-Unis en 1964, curieux de rencontrer cette personnalité hors du commun. C’est ainsi qu’il devient le premier pilote français de l’histoire à participer à une course de NASCAR aux Daytona 500.
Caroll Shelby se prend d’amitié pour lui et déclare après l’avoir vu à l’œuvre « Il y aura toujours un volant pour Jo, en Europe et aux US ».
En termes de volant, Jo Schlesser est associé aux grands noms de l’époque en 1964 : 12 heures de Sebring avec Phil Hill, 1000 km du Nürburgring et 24 Heures du Mans avec Richard Attwood, 1000km de Paris avec Pedro Rodriguez, entre autres. Au Mans Schlesser et Attwood sont au volant de la toute nouvelle Ford GT40 Mk, qui sera présentée lors des Classic Days, pour une exposition dédiée à Jo Schlesser !
En 1965, il remporte en GT les 24 heures de Daytona, 2ème au classement général, les12 heures de Sebring, 4ème au général, sur AC Cobra, et gagne encore à Reims, 5ème au général. Il termine aussi 3ème de classe aux 1000 km du Nurburgring, sur un Coupé Cobra Daytona, dont vous pouvez retro
uver la voiture jumelle lors des Classic Days, dans l’exposition consacrée au Centenaire des 24 Heures du Mans.
En 1966, il rejoint l’équipe Matra en Formule 2. Il termine 10ème du classement général du Grand Prix d’Allemagne cette année-là, et 3ème du classement Formule 2. Associé à son ami Guy Ligier, il remporte une victoire de classe aux 1000km du Nürburgring, sur Ford GT40.
En 1967, il roule toujours sur la Matra F2, mais cette fois sous l’égide de Ford France. Avec Guy Ligier il remporte les 12 heures de Reims, toujours sur une GT40 de Ford France.
Jo et Guy Ligier vont s’associer en 1968 et créer leur écurie InterSport. Ils engagent des McLaren M4A pendant la première partie de la saison en Formule 2. Mais ils sont déçus de la voiture et envisagent de créer leur propre bolide de course. En parallèle, Jo remporte la 3eme place du général aux 24 Heures de Daytona, et une victoire de catégorie aux 1000 km de Spa.
C’est alors que Honda va proposer à Jo de concrétiser le rêve qui ne l’avait pas quitté depuis ses 20 ans, en lui offrant son premier volant en Formule 1, lors du Grand Prix de Rouen…
C’est lors de cette course que Jo Schlesser perd tragiquement la vie, au volant de la Honda RA302, qui s’embrase après une sortie de piste au 3ème tour.
Le jeune prodige Jacky Ickx, qui remporte ce Grand Prix, dépose ses lauriers de vainqueur à l’endroit de l’accident, en hommage.
Guy Ligier, profondément choqué, prend sa retraite de pilote à la fin de la saison, et concrétise un autre rêve de son ami : créer des voitures de compétition françaises. Et c’est ainsi que les Ligier JS vont voir le jour … JS, pour Jo Schlesser.