À l’occasion des 60 ans du Circuit de Magny-Cours, nous célébrons, à quelques jours près, les 30 ans du premier Grand Prix de France de Formule 1 sur le circuit Nivernais qui a eu lieu le 7 juillet 1991. Puis, c’est une aventure de 18 Grands Prix de France consécutifs que connaîtra Magny-Cours. Pour commémorer comme il se doit ce pan de l’histoire de la Formule 1, Renault Collection nous fait l’honneur de nous offrir la voiture qui représente le mieux cet âge d’or du circuit. Pilote français, moteur français, dernière victoire française en France en Formule 1 ici même dans la Nièvre en 1993 : La Williams Renault FW15C conduite par Alain Prost fait enfin son retour à Magny-Cours !
Témoin des débuts de l’électronique en Formule 1, la Williams-Renault FW15C a fasciné autant qu’elle a dérangé avec ses innovations, poussant un règlement technique encore jeune dans ses derniers retranchements. Elle n’en reste pas moins une magnifique voiture qui a permis à Alain Prost de remporter son 4e titre de Champion du Monde de Formule 1 avec en point d’orgue une magnifique victoire au Grand Prix de France à Magny-Cours !
En 1993, l’écurie Williams entame la saison du championnat du monde de Formule 1 en pleine confiance. En effet, l’année précédente, Williams avait dominé la saison de la tête et des épaules, avec le titre mondial du Britannique Nigel Mansell et une voiture qui avait surpassé ses concurrentes notamment grâce à sa boîte de vitesses et son fameux système de suspension active. Toujours motorisée par Renault, l’écurie doit trouver un remplaçant à Mansell parti courir en championnat américain CART. C’est Alain Prost, triple champion du monde et libre de tout contrat depuis sa rupture douloureuse avec Ferrari fin 1991, qui est engagé sur la nouvelle Williams FW15C avec le jeune Anglais Damon Hill à ses côtés.
En 1993, la Formule 1 est devenue une arène de haute technologie et la FW15C est alors à l'avant-garde, avec suspension active, ABS, contrôle de traction, télémétrie, transmission semi-automatique, transmission entièrement automatique, et aussi une transmission à variation continue (CVT), bien que cette dernière ne soit utilisée que pendant les essais. En conséquence, Alain Prost décrit la voiture comme « un petit Airbus ». Certaines innovations offraient un avantage tellement significatif par rapport aux équipes concurrentes qu’elles en ont été bannies. C’est le cas notamment pour la transmission CVT bannies de la Formule 1 en 1994, après seulement quelques tests réussis en 1993.
Alors que l’ABS et le contrôle de traction facilitent la conduite de la voiture jusqu’à la limite, l’informatique était parfois la source de problèmes de maniabilité en raison d’une mauvaise interprétation des informations venant des capteurs. La suspension active était particulièrement sujette à cela de temps en temps. La Williams ne nécessitait pas moins de trois ordinateurs portables connectés à chaque fois qu'elle démarrait : un pour le moteur, un pour la télémétrie et un pour la suspension ! Une première pour l’époque.
Autre innovation, la FW15C possédait également un système « push-to-pass » actionné par un bouton qui utilisait la suspension active pour abaisser la voiture à l'arrière et éliminer la traînée du diffuseur, augmentant ainsi efficacement la vitesse grâce à une réduction de l’appui aérodynamique. Couplé à l’augmentation du régime moteur lorsque le pilote avait besoin de vitesse supplémentaire, ce système a été utilisé par Hill et Prost à plusieurs reprises lors de manœuvres de dépassement !
Pourtant, même avec tous ces atouts, la saison 1993 des Williams-Renault n’a pas été si « facile » car malgré une première victoire dès l’ouverture de la saison en Afrique du Sud, c’est bien Ayrton Senna et sa McLaren qui vont s’imposer sur les deux courses suivantes. Et c’est ce même pilote qui gagnera à Monaco et sera en tête du Championnat du Monde après 6 courses. La deuxième partie de la saison sera plus favorable aux Williams et surtout à Alain Prost qui remportera le titre avec 7 victoires dont un succès retentissant au Grand Prix de France devant son public !
Preuve de la domination technique des Williams : elles signeront 15 pole positions sur les 16 courses que compte la saison !
Le niveau de technologie des voitures était si grand que la FIA a décidé d'interdire plusieurs de ce qu'elle considérait comme des « aides à la conduite » avec effet immédiat après le Grand Prix de Grande-Bretagne, conduisant au soi-disant « Protocole Weikershof », par lequel l'interdiction a été reporté au début de 1994.