PROGRAMME 2021
RENAULT CLASSIC FAIT HONNEUR À DEREK BELL ET NOUS AMÈNE SA RENAULT ALPINE A 442 !
Derek Bell fait partie des légendes des 24h du Mans avec 5 victoires dans la Sarthe, dont 4 fois avec Porsche. On associe donc logiquement le pilote britannique à la marque de Stuttgart. Pourtant, juste avant les succès avec Porsche, Derek Bell a participé à la classique Mancelle à deux reprises avec Renault Alpine, en 1977 et 1978 ! Et si ces deux années furent marquées par des abandons, il aura été l’un des architectes de la victoire de l’écurie française en 1978 avec la fameuse « A 442 » jaune.
A l’occasion de cette nouvelle édition des Classic Days, nous aurons l’honneur, grâce à Renault Classic, d’avoir cette voiture avec nous tout le week-end !
Après 11 participations aux 24 Heures du Mans entre 1963 et 1978, avec 55 voitures officielles engagées, ses 5 victoires au classement “Rendement Energétique” en 1964, 1966 et 1968, ainsi qu’à “l’Indice de Performance” en 1968 et 1969 et 7 victoires de classe, Alpine revient en endurance avec les barquettes A440 et A441.
L’A441 commence à servir de voiture de test en version A441T au début de l’année 1975. Le but était en fait de préparer le moteur Turbo pour une nouvelle voiture sur laquelle le moteur développerait tout son potentiel : l’A442 dérivée assez étroitement de l’A441, les principales différences se trouvant dans l’empattement, la forme du saute vent et la capacité du réservoir poussée à 120L.
L’Alpine A441T débute en course au Championnat du Monde des Voitures de Sport lors de la première manche européenne au Mugello avec Jean-Pierre Jabouille et Gérard Larrousse qui s’imposent tout simplement !
L’Alpine A442 arrive en course pour la première fois deux semaines plus tard, elle est confiée là aussi à Jabouille et Larrousse. La course s’arrêtera au bout de 67 tours sur un problème de pompe à essence.
La voiture sera alignée ensuite aux 1000 km de Monza et du Nurburgring, et à Zeltweg et Watkins Glen avec un deuxième exemplaire. La voiture se comportera mieux mais connaîtra beaucoup de difficultés. L’année va se terminer par de nombreux tests en vue de 1976 et des nouvelles ambitions pour le championnat du monde. La voiture va être assez peu modifiée, la boîte à air est déplacée au-dessus du capot moteur, la voie arrière va être rétrécie, les pneus étant réduits par le nouveau règlement.
Mais c’est surtout dans le management qu’Alpine va se métamorphoser. Renault est le plus grand constructeur d’Europe, et les ambitions vont avec cette nouvelle stature. Un remaniement est nécessaire pour viser plus haut. Gérard Larrousse est choisi pour prendre la tête de l’équipe de course qui n’est plus Alpine et devient Renault Sport, une nouvelle société. Au passage, ses nouvelles responsabilités vont l’éloigner du volant.
L’ingénieur André De Cortanze, à l’origine de la conception de cette nouvelle génération de barquettes, se concentre sur le futur programme de Formule 1 qui commence avec l’Alpine A500. Du coup c’est François Castaing qui récupère la direction technique de l’équipe.
Le début de la saison ne se traduit pas de très nombreux tests et la voiture ne débute en course que le 4 Avril pour les 300km du Nürburgring. Les deux voitures se montrent très performantes mais les deux Alpine A442 de Depailler et Jabouille s’accrochent au 3e virage, la voiture de Depailler est même détruite, il sera mis à pied par Larrousse pour les trois courses suivantes.
Ce sont donc deux équipages inédits qui sont alignés aux 4 heures de Monza en Avril. Henri Pescarolo et Jean-Pierre Jarier se classent second derrière Porsche alors que la voiture de Jacques Laffite et Jean-Pierre Jabouille abandonne sur une fuite d’huile.
Aux 500 km d’Imola en Mai, les deux voitures abandonnent sur casse moteur.
Ce n’est donc pas dans une confiance absolue qu’Alpine aborde les 24h du Mans en Juin. Une seule voiture est prévue en course et elle sera confiée à Jean-Pierre Jabouille et Patrick Tambay, épaulés par José Dolhem. Jabouille se sent bien dans la voiture et le pilote-technicien va réussir à signer la pole en écrasant la concurrence. Son temps est de 3.33.1, la Porsche 936, en deuxième position, est à 7 secondes !
En course, il garde sa première place mais ne parvient pas à creuser l’écart. Au final la Porsche emmenée par Ickx va passer l’Alpine A442 au 4e tour, et la bataille entre les deux va encore durer 10 tours. L’Alpine va ensuite être touchée par divers problèmes, sur l’allumage principalement. Au gré des arrêts et grâce à des chronos très rapides de Jabouille, dont le meilleur tour en 3 min 43s, la voiture remontera à la 3e place. Elle sera toujours troisième quand un problème moteur entraîne un nouvel arrêt : c’est un piston qui a rendu l’âme et c’est l’abandon à la 11e heure.
Porsche devient la première marque à faire gagner un moteur Turbo, Alpine est battu. Le choix d’Alpine de laisser le moteur en configuration sprint a porté ses fruits au niveau de la performance, mais la fiabilité doit être améliorée.
La fiabilité n’est pas non plus au rendez-vous des courses suivantes de la saison qui se termine par une 2e place au championnat, derrière des Porsche 936 pourtant moins performantes mais plus fiables !
En 1977, Renault Sport prend possession de son usine à Dieppe, près de l’usine Alpine. Ce sera très utile car les débuts en F1 sont prévus pour l’été, et il faut donc deux équipes. Si le projet F1 est porteur d’espoir pour le futur, à court terme, c’est Le Mans qui reste l’objectif. Renault est plus présent, on parle désormais de Renault-Alpine, pas l’inverse.
De gros tests sont menés, notamment sur des portions d’autoroute et sur des bases aériennes en plus du Paul Ricard et de sa longue ligne droite, l’objectif c’est la vitesse. L’accès aux étriers est amélioré pour changer les plaquettes. La boîte est aussi renforcée, la lubrification est revue, bref la voiture est optimisée en conservant ce qui faisait déjà sa force.
Du côté managérial, De Cortanze est totalement écarté, Castaing chapeaute toujours le tout. Dudot, le père du Turbo gère les moteurs à Viry-Chatillon. Une réplique des stands du Mans est même construite pour permettre aux mécanos de s’exercer.
Trois voitures sont initialement prévues, la 7 pour Jaussaud et Tambay, la 8 pour Depailler et Laffite, la 9 pour Jabouille épaulé par Derek Bell. Une quatrième voiture va même être engagée, grâce au sponsor Bendix pour Oreca l’équipe d’Hugues de Chaunac.
Si les Porsche sont désormais plus puissantes, les voitures jaune et noire sont les plus rapides.
Avec 355 km/h dans les Hunaudières, leur pointe de vitesse est indéniable, la pole finit par leur revenir, seule une des Porsche s’intercale, en 3e position. Le poleman est une nouvelle fois Jabouille, avec 3,31.7.
En course, la « Bendix », frappée du numéro 16 et la 7 sont “bridées” sur consignes de Larrousse, les deux autres peuvent attaquer. Les Porsche subissent de gros problèmes, et les trois Alpines sont donc en tête, normalement avec une course déjà gagnée !
La 7 abandonne à la surprise générale à la 14e heure sur rupture d’un piston.
La 9 va la rejoindre à 8h du matin, alors qu’elle avait une belle avance en tête, c’est une nouvelle fois un piston qui est en cause.
La 8 est donc la dernière rescapée et une nouvelle fois, le piston va lâcher, la voiture abandonne à la 22e heure.
Le reste de l’année 1977 sera occupé par des tests dans l’Ohio, aux Etats-Unis, sur un anneau de 12km, parfait pour reproduire les 50 secondes de pleine charge que les voitures subissent dans les Hunaudières. Les pistons et le turbo sont modifiés. Les essais sont concluants.
L’année 1978 commence elle aussi par des tests. En secret, l’équipe teste aussi une bulle, qualifiée en saute-vent.
L’avantage est réel : la traînée est diminuée, l’inconvénient est que le pilote doit travailler dans un espace beaucoup plus chaud.
Les objectifs sont toujours les 24h du Mans, et désormais le programme F1.
Pour le Mans, trois Alpine A442 sont présentées au pesage. En plus de celles-ci une toute nouvelle évolution, l’A443 est aussi amenée, comme une surprise, au Mans. Les choix sont faits pour ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Pignons de 5e, pression de turbo, aucune voiture n’a la même combinaison.
La n°2 est une A442B, car elle reçoit la bulle qui équipe l’A443, mais aussi une jupe pour l’effet de sol. Elle est emmenée par un duo inédit Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud. Les deux pilotes “vedette” Jabouille et Depailler sont engagés sur l’A443. Elle se qualifie à la 5e place.
La n°3 est une A442 “normale” emmenée par Jean-Pierre Jarier et Derek Bell. La voiture n’a pas de bulle et les performances sont légèrement en retrait, elle se qualifie à la 7e place.
La n°4 est une autre A442, aux couleurs de Calberson. Elle est emmenée par Jean Ragnotti, Guy Fréquelin et Dolhem et qualifiée en 8e position.
L’A443 part vite mais des petits ennuis vont la retarder. La n°3 abandonne à la 11e heure.
La Porsche de Jacky Ickx est elle aussi retardée et le duo Pironi-Jaussaud repassent 2e. Peu après, c’est l’A443, pourtant préservée qui est contrainte à l’abandon, le moteur a lâché, soit trop sollicité par le rythme imposé, soit il a mal réagi à sa préservation, passant notamment par la baisse de pression de turbo. La n°2 récupère donc la tête, elle a de l’avance sur la Porsche et il ne reste qu’à gérer. Jaussaud laisse Pironi enchaîner les relais vers la victoire si bien que Pironi devra être réanimé après l’arrivée avant de monter sur le podium. Alpine gagne avec ce duo, la deuxième voiture, où Jabouille a été ajouté après l’abandon de l’A443 finit à la quatrième place.