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L'école et les constructeurs

 

L'école Winfield

On peut dire que c'est en 1963 que tout commence véritablement. La France souffrant d'une pénurie de bons pilotes, Jean Bernigaud, aidé par le magazine Sport-Auto, entreprend de faire venir le cours Jim-Russell à Magny-Cours. Ce cours, qui remporte tant de succès en Angleterre, est une référence mondiale en terme de préparation à la compétition.

Après plusieurs mois de pourparlers, le cours s'exporte et s'installe finalement sur le site du Motor Stadium en février 1963. L'école sera inaugurée le 28 mai.

Il est ensuite décidé qu'une monoplace sera offerte pour la saison 1964 à l'élève le plus brillant du cours 1963. C'est la naissance du « Volant Shell ». Bill Knight, ancien pilote et organisateur de courses, rachète le nom et le droit de ce cours et en assure les financements. Le succès est assuré pour cette première année puisqu'il y a déjà 300 inscrits. Pour l'anecdote Jean‑Pierre Jaussaud est sacré 1er Volant Shell.

En 1964, Bill Knight décide de remplacer le nom de Jim-Russell par celui de « Winfield », en rapport à sa société nommée « Winfield Motor Racing Schools Limited ».

Ami de Bill Knight, Tico Martini arrivé en 1963 remplace Henry Morrogh, comme directeur de l'école en mai 1965. Tico, qui marquera l'histoire du circuit, est né en 1934 à Pigna. Il est d'origine italienne. Mécanicien de formation, il est très tôt attiré par le milieu du sport automobile.

Quelques changements sont opérés en 1966, lorsque Bill Knight décide de se retirer des affaires en cédant ses parts à Mike et Richard ses deux fils, ainsi qu'à Tico. Mike devient également moniteur à l'école.

En 1967, lassé par les performances des voitures utilisées à l'école, Tico décide de commencer à produire les siennes. Son premier bolide s'appellera MW1, M comme Martini et W comme Winfield.

A l'école, les talents en herbe se multiplient. C'est pourquoi, afin de donner une seconde chance à certains pilotes jugés talentueux, mais ayant échoués au « Volant Shell », l'école Winfield décide de créer le « Trophée Winfield » en 1968. Le premier pilote à remporter ce trophée est un certain Jacques Laffite.

 

De Jean-Pierre Jaussaud à René Arnoux, en passant par José Dolhem, de nombreux futurs grands noms du sport automobile vont se succéder au « Volant Shell » à Magny-Cours. Puis après 11 éditions cette distinction disparaît en 1974 pour laisser place au « Pilote Elf ». Le concept reste le même, seul le sponsor change. Yves Le Strat devient ainsi le 1er pilote Elf.

Le bâtiment de l'Ecole Winfield est aujourd'hui le seul bâtiment de l'époque qui existe encore.

Liste des différents Volants jusqu'à 1991

année Volant Shell
1963 Jean-Pierre Jaussaud
1964 Jacques Weber
1965 Claude Vigreux
1966 François Cevert
1967 François Mazet
1968 Jean-Luc Salomon
1969 José Dolhem
1970 Guy Dhotel
1971 Bernard Béguin
1972 René Arnoux
1973 Patrick Langlois
année Pilote Elf
1974 Yves Le Strat
1975 Frédéric Watelet
1976 Jean-Claude Perrin
1977 Alain Ferté
1978 Alain Neyrial
1979 Kurt Thiel
1980 Patrick Saulnier
1981 Cathy Muller
1982 Dominique Dupuy
1983 Michel Trollé
1984 Jean-Luc Palis
1985 Franck Fréon
1986 Olivier Thévenin
1987 Olivier Caekebeke
1988 (travaux sur le circuit)
1989 Christophe Tinseau
1990 Jesse Bouhet
1991 David Dussau

Hugues de Chaunac et la création d'ORECA

Les premières pierres d'ORECA (Organisation & Exploitation de Courses Automobiles) sont posées en 1972. Hugues de Chaunac, pilote de R8 Gordini puis de Formule Renault, décide d'arrêter de courir pour créer sa société. Il ne quitte cependant pas le monde de la compétition automobile puisque l'entreprise qu'il souhaite créer aura pour vocation de concevoir des véhicules de course.

Après quelques années passées à Paris et un premier contrat signé avec Elf, ORECA déménage et vient s'installer à proximité du circuit de Magny-Cours en 1975.

Cette année marque un premier succès pour Hugues de Chaunac puisqu'il est alors le team manager de l'équipe Martini qui remporte le titre de Champion d'Europe de F2 avec Jacques Laffite.

Fort de ce premier succès, il parvient à décrocher un nouveau titre en 1977 toujours en F2 avec cette fois-ci René Arnoux.

Il tentera même l'aventure F1 en 1978, expérience qui n'aboutira malheureusement pas. En Formule 3, il sera également plusieurs fois Champion de France notamment avec Alain Prost en 1978 et 1979.

Par la suite, ORECA va se diversifier devenant, en plus d'une écurie de course (F2, F3, FR, F3000, Rallye, Production), une société importatrice et distributrice de pièces détachées de voitures de course.

En 1987, l'année qui précède la démolition du circuit Jean Behra, Hugues de Chaunac décide de déménager et de s'implanter dans le Var, au circuit Paul Ricard. C'est aussi le moment qu'il choisit pour diversifier les activités d'ORECA. Il décide d'une part de commercialiser des équipements et accessoires sportifs, de développer des activités de merchandising et d'autre part de se lancer dans l'événementiel, l'organisation d'incentives et de stages de pilotage pour les entreprises et les particuliers.

Au milieu des années 90, la société ORECA devient partenaire de Chrysler pour la conception de la Viper. Cette expérience va lui permettre de développer son expertise en technologie de pointe. En Viper, Oreca arrive trois fois première du classement teams GT2 en Championnat FIA-GT (1997, 1998 et 1999). Elle affiche également de bons résultats aux 24h du Mans avec notamment une belle 7ème place au général en 2000.

En 2004, ORECA rachète la société SNBE de Dany Snobeck, spécialisée dans la préparation des moteurs, puis en 2007 c'est au tour de Courage Compétition d'être rachetée.

ORECA, c'est aujourd'hui un groupe de 200 employés déployés sur 4 sites géographiques : Le Castellet, Magny-Cours, Le Mans et Paris. Cette société est une des plus belles réussites du milieu, toujours dirigée de main de maître par Hugues de Chaunac.

Dany Snobeck et Snobeck Racing Service

Dany Snobeck commence sa carrière de pilote en 1970 avec la Coupe R8 Gordini. En 1971, il participe à la Coupe R12 Gordini, puis en 1972, il s'attaque aux rallyes et en 1973 et 1974, à la Formule Renault.

Comme Tico Martini et Hugues de Chaunac, Dany Snobeck, pilote automobile, a lui aussi décidé de créer son entreprise à côté du circuit de Magny-Cours. Il fonde cette société « Snobeck-Groupement Sportif Mécanique » en 1978, société qui deviendra Snobeck Racing Service en 1980.

En 1980 et 1981, l'entreprise va s'occuper de la préparation des Ford, puis de 1982 à 1984 Dany Snobeck se consacrera à la préparation des Alfa Roméo, tout particulièrement la GTV.

 

A partir de 1985, Dany décide de s'engager avec le constructeur allemand Mercedes. Cette collaboration entraînera plusieurs succès.

Mercedes remporte le titre des constructeurs en Production en 1986 et Dany remporte également avec Mercedes ses deux Trophées Andros (1991/1992 et 1992/1993).

En 1996, la société prend le nom de SNBE-Snobeck : SN pour Snobeck, BE pour Béchu, du nom de son associé Jean‑Pierre Béchu qui devient PDG de la société.

De 2001 à 2003, Dany Snobeck prend la direction du circuit de Dijon-Prenois.

En 2004, SNBE devient une filiale du groupe ORECA dirigé par Hugues de Chaunac. La société nouvellement rebaptisée « Oreca Magny-Cours » devient la filiale « moteur » du groupe et poursuit ses travaux avec Citroën Sport, Seat Sport, Porsche France et le réseau Magneti-Marelli en recentrant ses activités autour du développement moteur.

2004, c'est aussi l'année que Dany choisit pour créer sa société d'événementiel « As Events », société spécialisée dans le sport automobile.

A la différence de Tico Martini et Hugues de Chaunac, Dany Snobeck n'a jamais arrêté lui-même la compétition.

Sa récente victoire au 60ème Rallye Lyon Charbonnière en avril dernier prouve qu'il est toujours au top niveau !

L'écurie Ligier

A l'origine ancien rugbyman international, Guy Ligier commence réellement à marquer l'histoire des sports mécaniques français en 1959 et 1960 alors qu'il parvient à décrocher deux titres de Champion de France Moto. Sa renommée et ses performances vont grandissantes si bien qu'en 1966 il devient pilote F1.

C'est en 1968, alors qu'il entreprend de créer une écurie de Formule 2 avec son ami Jo Schlesser, que sa carrière de constructeur se lance réellement. Malheureusement, ce dernier décèdera tragiquement cette même année suite à un accident sur le GP de France. Guy Ligier choisira néanmoins de poursuivre l'aventure et sortira en 1970 la Ligier JS1 (JS en référence à son ami disparu) qu'il pilotera aux 24h du Mans avec Jean-Claude Andruet.

Suite à la création d'Automobiles Ligier, sa production de véhicules de compétition va se développer. Au total, une dizaine de JS2 sera engagée au Mans de 1971 à 1975, avec notamment une excellente 2ème place obtenue en 1975 par Guy Chasseuil et Jean-Louis Lafosse au volant. Les qualités de polyvalence de la JS2 seront reconnues puisqu'elle remportera également l'édition 1974 du Tour de France Auto.

L'écurie Ligier continue à prendre de l'ampleur en devenant assembleur des SM Maserati pour Citroën, puis en 1976, une nouvelle étape est franchie avec la naissance de l'écurie de Formule 1.

Pour sa première saison, grâce à son pilote Jacques Laffite (7ème au général), l'écurie Ligier se hissera jusqu'à la 6ème place du podium des constructeurs.

L'aventure Ligier en F1 durera 20 ans. Au total 20 monoplaces seront conçues et s'engageront sur 326 Grand Prix. L'écurie Ligier remportera notamment une belle seconde place au classement des constructeurs en 1980.

 

Le bilan final sera de 50 podiums et 9 victoires dont la dernière et non des moindres, celle d' Olivier Panis au Grand Prix de Monaco en 1996.

En 1997, Guy Ligier décide de vendre l'écurie au quadruple champion du monde Alain Prost, mais l'aventure Prost GP s'achèvera en 2002, après 5 saisons.

N'étant pas disposé à quitter le monde de la compétition automobile, Guy Ligier va se donner les moyens de se relancer en 2004 en s'associant avec une figure de l'histoire de Magny-Cours, l'illustre Tico Martini.

L'association Ligier/Martini porte ses fruits, en 2005 les deux constructeurs font leur retour à la compétition en Formule 3 et en Sport Prototype. En Formule 3, de grands espoirs sont portés vers la JS47, tandis que la Ligier JS49 (Sport Prototype) participe à l'épreuve de clôture du Challenge Sprint Moderne à Magny‑Cours et le succès est déjà au rendez-vous puisqu'elle termine en deuxième position.


Inspiré de Racing News VdeV N°008
Source et remerciements : Jean-Louis BALLERET (1993)
Magny-Cours 30 ans de courses !, Edition S.I.N. PHOBOS
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